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Les mégots polluent les océans autant que les plastiques et restent 12 ans dans la nature

Nous nous efforçons souvent de réduire le plastique dans notre quotidien pour protéger l’environnement, surtout les océans, où 80 % des déchets sont plastiques. Pourtant, un type de déchet encore plus répandu dans ces étendues d’eau – et extrêmement persistant – envahit nos écosystèmes : les mégots de cigarettes. En France, des milliards de mégots sont jetés chaque année. Au niveau mondial, ce sont plus de 760 000 tonnes qui finissent dans la nature. Outre leurs effets dévastateurs sur la santé (8 millions de décès annuels liés au tabagisme), ces déchets intoxiquent notre environnement. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que les produits du tabac sont les déchets les plus abandonnés sur la planète. Chargés de 7 000 substances chimiques toxiques, ils contaminent massivement les sols et les eaux. Chacun des 4,5 milliards de mégots dispersés annuellement dans les océans, rivières et villes peut polluer 100 litres d’eau. Les filtres de cigarettes contiennent des microplastiques – détectés même dans les profondeurs marines – et représentent la deuxième source de pollution plastique mondiale. Un mégot met jusqu’à 12 ans à se décomposer, libérant durant cette période ses toxines dans les écosystèmes. Jetés dans les rues, ils sont emportés par les pluies vers les cours d’eau, puis les mers.

Comment limiter les dégâts ?

La solution radicale ? Arrêter de fumer. À défaut, ne jamais jeter ses mégots au sol, surtout dans les lieux publics (parcs, plages, rues).

Les pouvoirs publics ont un rôle clé. En France, des mesures comme l’extension des espaces sans tabac (plages, parcs) se multiplient.

Des routes faites avec des mégots

Des innovations émergent pour recycler ces déchets. Une collaboration entre universités françaises et italiennes explore leur transformation en additif pour enrobés routiers. Riches en fibres de cellulose et plastiques, les mégots, compressés avec de la cire Fischer-Tropsch, produisent des granulés.

Mélangés au bitume, ces granulés renforcent la résistance des routes, réduisent les émissions de CO₂ lors de leur fabrication et valorisent des milliards de mégots autrement destinés à polluer. Des tests en laboratoire confirment l’efficacité de cette solution pour des enrobés intégrant 40 % de matériaux recyclés.